Gustave Doré

Gustave Doré
"Personne ne parle le francophone, ni n'écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d'étoile morte. Comment le monde pourrait-il se sentir concerné par la langue d'un pays virtuel ?" Manifeste pour une littérature-monde, 2007

martes, 10 de julio de 2012

Plan rapide du commentaire sur « Histoire d’un bon bramin »

Introduction : conte philosophique, il soulève la question du « bonheur » et sur la manière de l’appréhender.
L’apologue confronte plusieurs personnages dans une situation de dialogue au terme de laquelle l’auteur conclut.

I) Un apologue à l’allure de parabole.
1) Une situation fictive et symbolique.

- Cadre spatio-temporel marqué par l’éloignement. Evocation d’un cadre oriental de convention: l’eau du Gange. Temporalité non déterminée : dans mes voyages, le même jour. Pas de réalisme marqué.
- Situation narrative simplifiée : description sommaire du cadre de la rencontre: jardins charmants, près de sa maison. Puis la scène évolue vers un dialogue (style plutôt direct pour le bramin, plutôt indirect pour l’indienne, les deux pour le narrateur.
- Présence des temps du récit (passés simples et imparfait pour le discours narratif, présent d’énonciation ou d’habitude pour les passage dialogués)

2) Des personnages emblématiques
- Un narrateur- personnage (je). Peu d’informations sur lui : il est voyageur , intéressé par les autres
cultures, il fréquente les philosophes, et n’hésite pas à raisonner lui-même : il est donc clair, disais-je, mon avis, De là je conclus, après avoir réfléchi. Bref, un homme que ressemble à Voltaire sans être lui.
- Un bramin : présenté comme un philosophe (sage, j’étudie depuis 40 ans, il avait [des] lumières), il
enseigne (lexique de la pédagogie : j’enseigne aux autres, on me pose des questions, etc. C’est aussi un religieux éclairé (mon révérend , fait référence aux dieux hindous). Enfin c’est un épicurien : riche, trois belles femmes (+ tout le lexique mélioratif qui lui est associé, les superlatifs) : il ressemble à Voltaire sur certains points.
- Une vieille indienne : l’antithèse du bramin. Enumération de ses limites (bigote imbécile et assez pauvre) et définie par périphrase comme une pauvre créature.. Nombreuses négations liées à son intellect (ne comprit pas ma question, n’avait jamais réfléchi) et soumise aux superstitions (anaphore d’elle croyait).
Elle vit chichement. Elle représente un esprit simple, en contact avec la nature (l’eau… se laver).

La confrontation des deux personnages permet de mettre en évidence dans le conte un première réflexion sur le bonheur inattendu:contrairement aux idées reçues ce conte suggère que l’exercice de la raison peut conduire les hommes au malheur car ils prennent conscience des limites de son esprit, à l’inverse la vieille ignore son ignorance.
Cette réflexion est plus originale si on la replace dans le contexte de la pensée des Lumières. En effet cette pensée est fondée sur l’idée que la raison/l’intelligence est ce qui permettra aux hommes de sortir de l’obcurantisme et de progresser dur la voie de l’épanouissement et du bonheur. Voltaire dément en quelque sorte cette vision.


II) Une réflexion sur les moyens d’accéder au bonheur
1) Une réflexion sur le paradoxe lié au savoir et à la connaissance
- Le bramin exprime dans sa longue tirade son malheur : le registre lyrique souligne sa souffrance intérieure (lexique de la plainte avec notamment accablé, sentiment douloureux, désespoir…je voudrais n’être jamais né).
- L’origine du mal : la paradoxe de la connaissance (elle engendre la conscience de l’ignorance). Il multiplie les antithèses : j’enseigne les autres, et j’ignore tout ; entre deux éternités… nulle idée de l’éternité ; je lis nos anciens livres… ils redoublent mes ténèbres. Plus il s’instruit, moins il pense savoir.
- Il associe son existence à la négation : vie insupportable, je ne sais pourquoi j’existe ; je n’ai rien à dire (etc.). Elle lui paraît un échec intégral (passé et futur) : je ne sais d’où je viens… ce que je deviendrai.
- Sa prétendue ignorance est universelle: temporelle (Cf. ↑) ; physique (ce qui produit la pensée… les
mouvements) ; métaphysique (Brama et Vitsnou… éternels ; le mal…toute la terre) ; philosophique
(entendement, pensée, faculté).

2) Le message de la parabole
- Choisir de deux modes d’existence : la connaissance lucide mais désespérée, ou l’ignorance heureuse mais stupide : le lexique du bonheur lié à la vieille (la plus heureuse des femmes, un tel bonheur) est contrebalancé par les termes sot, imbécile et surtout vieil automate (réification). La raison l’emporterait.
- La prise de parole (directe) du narrateur- personnage élucide la contradiction : du statut de questionneur il passe à celui de raisonneur (Cf. I, 2). La misère du bramin est jugée sévèrement : furieuse contradiction, honteux d’être malheureux), mais la béatitude de la vieille également.
- L’exposé final confronte toutes les options possibles ; il s’appuie sur un raisonnement logique : l’homme veut être heureux (prémisse). Mais ceux qui raisonnent [souffrent de] mal-être. Donc, il faudrait choisir de ne pas avoir le sens commun (syllogisme). Mais il modalise la conclusion par le conditionnel et lui oppose une preuve concrète : personne [ne voulut] devenir imbécile. Il conclut donc à la suprématie de la raison, laquelle engendre une autre idée: préférer la raison à la félicité, c’est être insensé (paradoxe).
- L’idée d’absurdité engendre la morale : il y a de quoi parler beaucoup. L’homme s’enrichit de ses
contradictions.
Les idées des Lumières ne suffisent pas à conduire l’homme vers le bonheur, mais le choix d’une société obscurantiste n’ouvre pas plus de perspectives. Le bonheur « animal » n’est pas un souhait.

Ce récit conduit donc à une seconde réflexion tout aussi troublante : après avoir montré que l’intelligence ne conduisait pas forcément au bonheur, le narrateur montre que la plupart des hommes préfèrent leur intelligence au bonheur qu’ils ne pourraient avoir qu’au prix de la bêtise. En montrant cela, il désigne une énorme contradiction qui est que notre amour de la raison pourrait nour conduire à lui sacrifier notre bonheur
Loin de nous proposer une solution, il laisse cette réflexion ne pas aboutir.

No hay comentarios:

Publicar un comentario