Gustave Doré

Gustave Doré
"Personne ne parle le francophone, ni n'écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d'étoile morte. Comment le monde pourrait-il se sentir concerné par la langue d'un pays virtuel ?" Manifeste pour une littérature-monde, 2007

viernes, 31 de agosto de 2012

Les "enfants terribles" du surréalisme européen, 1930


De gauche a droite:Tristan Tzara, Paul Eluard, André Breton, Hans Arp, Salvador Dalí, Yves Tanguy, Max Ernst, René Crevel et Man Ray.

"I see a rhinoceros!", Minuit a Paris, Woody Allen, 2011.

http://www.youtube.com/watch?v=4BEf2nRwKX8

Rinoceronte con puntillas. DALI


Un chien andalou. BUÑUEL.

MAN RAY



miércoles, 15 de agosto de 2012

MANIFESTES DU SURRÉALISME, André Breton

Premier manifeste (1924)

Ce document était à l'origine conçu comme une préface à Poisson soluble qui sera publié la même année. Dans son étude, Élisabeth Kennel-Renaud compte 9 éléments.
  • Hommage à l'imagination
  • Appel à l'émerveillement
  • Foi en la résolution du conflit entre rêve et réalité
  • Principe de l'écriture automatique
  • Définition du surréalisme
  • Images surréalistes
  • Collages de fragments de phrases
  • Attitude non-conformiste
Breton définit le surréalisme: «Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale».

Second manifeste du surréalisme (1930)

Dans son étude, Élisabeth Kennel-Renaud compte 8 éléments.
  • Caractère factice des vieilles antinomies
  • Le surréalisme ne se réclame d'aucune morale
  • Critique de certains surréalistes
  • Rappel des fondements
  • Appel à l'implication sociale
  • Mise en garde contre l'endoctrinement politique
  • Attirance pour l'ésotérisme
  • Refus du succès mercantile


MANIFESTES DU SURREALISME


                        " Le surréalisme ne se veut pas une nouvelle école artistique mais
                             un moyen de connaissances jusqu'alors inexplorées : le rêve,
                            l'inconscient, la folie, les états hallucinatoires...
                            tout ce qui ne relève pas de la logique. " Philippe Nadeau
Remarque : nous ne donnons que les grandes lignes des deux manifestes de Breton, références nécessaires pour apprendre à reconnaître les caractéristiques de l'écriture surréaliste.

Premier manifeste du surréalisme
    Breton rend d'abord hommage à l'imagination, encouragée chez les enfants mais proscrite chez les adultes. il déplore qu"elle soit contrainte, limitée par les besoins impérieux de la nécessité matérielle, de la morale et de l'ordre social. pour Breton, " la plus grande liberté d'esprit nous est laissée"  et il ne faut pas " réduire l'imagination à l'esclavage", car elle rend compte " de ce qui peut être."
    Breton fait
le procès du "roman réaliste" qui cultive le goût du détail " chacun y va de sa petite observation" et qui se complaît dans des descriptions " rien n'est plus comparable au néant que celle-ci" et de reprendre cet exemple de Paul Valéry qui refusait d'écrire " la marquise sortit à cinq heures"
   
Il refuse l'analyse psychologique et la logique des sentiments " simple partie d'échecs dont je me désintéresse". Il faut au contraire réhabiliter en littérature le merveilleux car " le merveilleux est toujours beau [...] il n'y a que le merveilleux qui soit beau."
    Lecteur de Freud (
le rêve et son interprétation, 1900), Breton considère le rêve comme le lieu privilégié de la vie psychique  inconsciente et on ne peut pas nier son importance. Rêve et réalité sont deux instances complémentaires " Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, la surréalité [...] c'est à sa conquête que je vais."
   
Il revendique la liberté de l'homme et de  toutes choses " l'homme propose et dispose : il ne tient qu'à lui de s'appartenir tout entier, c'est-à-dire de maintenir à l'état anarchique la bande chaque jour plus redoutable de ses désirs."
    Il raconte que c'est fortuitement qu'il a découvert un nouveau mode d'expression. Dans l'état intermédiaire entre la veille et le sommeil, une phase en apparence énigmatique et à laquelle généralement on ne prête guère attention, une phrase, sortie de nulle part s'imposa à lui : " Il y a un homme coupé en deux par la fenêtre." le principe de l'écriture automatique, sans contrôle de la raison venait de naître.
    Breton donne
la définition du surréalisme.
    Dés lors, les écrivains seront "les sourds réceptacles des échos" de l'inconscient, "des appareils enregistreurs"; il donne une sorte de " mode d'emploi" pour écrire automatiquement et il reproduit un exemple de conversation surréaliste, qui est en fait constituée de deux soliloques, chacun des deux interlocuteurs ne cherchant pas "à en imposer le moins du monde à son voisin."
        " Quel âge avez-vous ?
            - Vous"
        " Comment vous appelez-vous ?
          - Quarante-cinq maisons."
    Les images surréalistes " s'offrent à lui, spontanément, despotiquement. il ne peut les congédier ; car la volonté n'a plus de force et ne gouverne plus les facultés" et il donne des exemples de phrases de Reverdy qui ne peuvent résulter "du moindre degré de préméditation" : " Dans le ruisseau il y a une chanson qui coule / le jour s'est déplié comme une nappe blanche / Le monde rentre dans un sac."
    Les collages sont un moyen surréaliste particulièrement intéressant, ils permettent " d'obtenir ,de certaines associations , la soudaineté désirable"et Breton précise qu' " il est permis d'appeler poème ce qu'on obtient par l'assemblage aussi gratuit que possible ( observons si vous voulez la syntaxe), de titres et des fragments de titres découpés dans les journaux"
    exemple :
Les plus belles pailles
                   
ONT LE TEINT FANE
                        SOUS LES VERROUS

    Le surréalisme se veut profondément " non-conformiste" et Breton pense qu'il faudra trouver encore et exploiter d'autres moyens d'expression.



    Second manifeste
   Tout d'abord Breton rappelle les grands " principes" du surréalisme : " faire reconnaître le caractère factice des vieilles antinomies. [ car] Tout porte à croire qu'il existe un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas, cessent d'être perçus contradictoirement. Or c'est en vain qu'on chercherait à l'activité surréaliste un autre mobile que l'espoir de détermination de ce point."    Le surréalisme ne se réclame d'aucune morale et il a pour seul désir de " passer outre à l'insuffisante, à l'absurde distinction du beau et du laid, du vrai et du faux, du bien et du mal. " Et Breton ajoute, non sans provocation : " L'acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tout ce qu'on peut dans la foule."
    Breton interrompt le rappel des caractéristiques surréalistes pour se livrer à un véritable réquisitoire contre ceux qui par leurs attitudes se désolidarisent du mouvement et de ses objectifs ( Artaud, Vibrac, Soupault...)
      Il revient aux fondements mêmes du surréalisme :" rappelons que l'idée du surréalisme tend simplement à la récupération totale de notre force psychique par un moyen qui n'est autre que la descente vertigineuse en nous [ ...] la promenade perpétuelle en zone interdite."
    Il précise que le mouvement surréaliste ne doit pas se contenter de l'expression poétique mais qu'il doit avoir une dimension sociale.
Le surréalisme n'est pas un idéalisme, il doit rendre compte des préoccupations sociales et politiques et y participer : " C'est au nom de la reconnaissance impérieuse de cette nécessité que j'estime que nous ne pouvons pas éviter de nous poser la question du régime social sous lequel nous vivons.
    Pour autant,
Breton distingue les prises de position de l'homme et l'art de l'écrivain et il refuse de mettre la littérature au service des engagements politiques. La littérature surréaliste ne doit pas rejoindre la littérature dite " prolétarienne" : " Je ne crois pas à la possibilité d'existence actuelle d'une littérature ou d'un art exprimant les aspirations de la classe ouvrière." De fait, pour qui revendique la plus grande liberté dans l'art, il serait contradictoire de contraindre sa création dans les limites thématiques des revendications sociales, aussi fondées soient-elles.
    Breton explique son
attirance pour l'ésotérisme. Il fait longuement référence à Nicolas Flamel et à sa quête de la"pierre philosophale" qui, pour Breton, "n'est rien d'autre que ce qui devrait permettre à l'imagination de l'homme de prendre sur toutes choses une revanche éclatante."
    Comme le préconisait déjà Rimbaud, à qui il rend hommage, le surréaliste doit " tenter d'affranchir l'imagination par "le long, immense, raisonné dérèglement de tous les sens" et les reste.
    Enfin, Breton,
n'accepte aucune compromission avec les considérations mercantiles du succès, il dénonce ceux qui ne cessent de " s'exhiber complaisamment et de se produire sur les tréteaux"  et il va même jusqu'à donner une vision élitiste du surréalisme " l'approbation du public est à fuir par-dessus tout. Il faut absolument empêcher le public d'entrer si l'on veut éviter la confusion."











martes, 14 de agosto de 2012

DADA ET SURREALISME

Surréalisme

Le Surréalisme est un mouvement littéraire et culturel de la première moitié du xxe siècle, comprenant l’ensemble des procédés de création et d’expression utilisant toutes les forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) libérées du contrôle de la raison et en lutte contre les valeurs reçues. André Breton le définit dans le premier Manifeste du Surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. »

Origine et histoire du mouvement

Dans le courant du xixe siècle, le « super naturalisme » de Gérard de Nerval, le « surnaturalisme » d'Emmanuel Swedenborg et aussi le symbolisme de Charles Baudelaire et de Stéphane Mallarmé et, enfin surtout, le romantisme allemand de Jean Paul (dont les rêves annoncent l'écriture automatique) et d'Hoffmann peuvent être considérés comme des mouvements précurseurs du surréalisme. Plus sûrement, les œuvres littéraires d'Alfred Jarry, d'Arthur Rimbaud et de Lautréamont, et picturales de Gustave Moreau et Odilon Redon sont les sources séminales dans lesquelles puiseront les premiers surréalistes (Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, Pierre Reverdy). Quant aux premières œuvres plastiques, elles poursuivent les inventions du cubisme. 
Cette aventure (« une attitude inexorable de sédition et de défi ») passe par l'appropriation de la pensée du poète Arthur Rimbaud (« changer la vie »), de celle du philosophe Karl Marx (« transformer le monde ») et des recherches de Sigmund Freud: Breton s'est passionné pour les idées de Freud qu'il a découvertes dans les ouvrages des Français Emmanuel Régis et Angelo Hesnard en 1917. Il en a retiré la conviction du lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves, et d'une forme de continuité entre l'état de veille et l'état de sommeil (voir en particulier l'écriture automatique). Dans l'esprit de Breton, l'analogie entre le rêveur et le poète, présente chez Baudelaire, est dépassée. Il considère le surréalisme comme une recherche de l'union du réel et l'imaginaire : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue. »
Mais le surréalisme est surtout issu du dadaïsme, un mouvement créé en 1916 par des écrivains et artistes réunis autour de Tristan Tzara. En réaction à l'horreur et à l'absurdité de la Première Guerre Mondiale, Dada veut rompre totalement avec les valeurs morales et les codes « bourgeois » de l'époque, c'est un mouvement de remise en question radicale du monde tel qu'il est, contre l'ordre établi et le langage trop correct. Le mot « dada » est d'ailleurs un mot choisi au hasard dans le dictionnaire. Mais Dada, trop destructeur n'a existé que peu de temps, et en 1924 naît le surréalisme avec la publication du premier "Manifeste du surréalisme" d'André Breton. En 1966, la mort du poète et chef de file va entraîner la fin du surréalisme; trois ans plus tard, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien le Monde, l’acte de décès du mouvement. Le groupe n'est certes plus, mais « l'idée » surréaliste perdure aujourd'hui encore. »

Origine du mot

Le poète Arthur Rimbaud (1854-1891) voulait être un visionnaire, se mettre en état de percevoir la face cachée des choses, une autre réalité. C'est en poursuivant les tentatives de Rimbaud que Guillaume Apollinaire (1880-1918) part à la recherche de cette réalité invisible et mystérieuse.
C'est dans une lettre de Guillaume Apollinaire à Paul Dermée, de mars 1917, qu'apparaît pour la première fois le substantif « surréalisme » : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. »
En mai 1917, dans une chronique consacrée au ballet « Parade », Apollinaire, admiratif des décors créés par Picasso, évoque « [...] une sorte de sur-réalisme où [il] voit le point de départ d'une série de manifestations de cet esprit nouveau qui [...] se promet de modifier de fond en comble les arts et les mœurs [...] Cette tâche surréaliste que Picasso a accomplie en peinture, [...] je m'efforce de l'accomplir dans les lettres et dans les âmes [...] »
Pour Jean-Paul Clébert, c'est le poète Pierre Albert-Birot qui suggéra à Apollinaire de sous-titrer sa pièce « Les Mamelles de Tirésias », "drame surréaliste" plutôt que "surnaturaliste".
Ce mot apparaît dès le 16 juin 1917 dans une lettre de Jacques Vaché à Théodore Fraenkel : « … et j'espère être à Paris […] pour la représentation surréaliste de Guillaume Apollinaire. »

André Breton

Le poète et écrivain français André Breton (1896-1966) fut le principal fondateur du surréalisme, le seul artiste à avoir appartenu au mouvement depuis son origine et jusqu'à sa mort. En 1924, c'est lui qui pour la première fois décrit le surréalisme dans le premier Manifeste, puis, la même année, il contribue à la création du Bureau de la recherche surréaliste. Louis Aragon, Robert Desnos, Paul Eluard, René Magritte, Philippe Soupault, Marcel Duchamp, Salvador Dali et Jacques Prévert sont quelques-uns des plus connus de ses camarades écrivains, poètes, peintres, artistes en somme. Nombre d'entre eux vont également adhérer au Parti Communiste français pour soutenir leurs idées de révolution sociale: Breton rejoint le parti en 1927 et en est expulsé en 1933.



Une aventure internationale

Le surréalisme connaît une fortune particulière dans la littérature francophone belge. Paul Nougé, dont la poésie présente un aspect ludique très marqué, fonde en 1924 un centre surréaliste à Bruxelles avec les poètes Camille Goemans, Marcel Lecomte… Un autre groupe important, « Rupture », se crée en 1932, à La Louvière, autour de la personnalité d'Achille Chavée.
Le surréalisme belge prend ses distances à l'égard de l'écriture automatique et de l'engagement politique du groupe parisien. L'écrivain et collagiste E. L. T. Mesens fut l'ami de René Magritte, les poètes Paul Colinet, Louis Scutenaire et André Souris et plus tard Marcel Mariën appartiennent également à ce courant.



La francophonie d'outre-mer trouvera notamment en Jean Venturini, poète franco-marocain révolté et rimbaldien, un porte-parole original et indépendant, mort trop tôt pour donner sa pleine mesure, et auquel le poète Max-Pol Fouchet rendra un hommage fort.
Le surréalisme exercera une action stimulante sur le développement de la poésie espagnole, mais à la fin des années 1920 seulement et en dépit de la méfiance suscitée par l'irrationalisme inhérent à la notion d'écriture automatique. Ramón Gómez de la Serna définit ses rapprochements insolites, « greguerías », comme « humour + métaphore ». Le courant « ultraïste » déterminera un changement de ton chez les poètes de la « Génération de 27 », Federico García Lorca, Rafael Alberti, Vicente Aleixandre et Luis Cernuda.
Les principes surréalistes se retrouvent en Scandinavie et en URSS. Le « poétisme » tchèque peut être considéré comme une première phase du surréalisme. Il s'affirme dès 1924 avec un manifeste publié par Karel Teige, qui conçoit la poésie comme une création intégrale, donnant libre cours à l'imagination et au sens ludique. Ses représentants les plus éminents furent Jaroslav Seifert et surtout Vítězslav Nezval, dont Soupault souligna l'audace des images et symboles. Le mouvement surréaliste yougoslave entretient d'étroits contacts avec le courant français grâce à Marko Ristić.
En dépit d'une perte de prestige à partir de 1940, le surréalisme a existé comme groupe jusqu'aux années 1960, en se renouvelant au fur et à mesure des départs et des exclusions.
Le surréalisme fut également revendiqué comme source d'inspiration par l'Alternative orange, un groupe artistique d'opposition polonais, dont le fondateur, le Major (Commandant) Waldemar Fydrych, avait proclamé Le Manifeste du Surréalisme Socialiste. Ce groupe, qui organisait des happenings, peignait des graffiti absurdes en forme de lutins sur les murs des villes et était un des éléments les plus pittoresques de l’opposition polonaise au communisme, utilisait largement l’esthétique surréaliste dans sa terminologie et dans la place donnée à l’acte spontané.
Parmi les grands noms du surréalisme japonais, nous trouvons entre autres Harue Koga (1895 - 1933), Ichirô Fukuzawa (1898 - 1992), Noboru Kitawaki (1901 - 1951)... Parmi les poètes peuvent être cités Katsue Kitazono, Masato Tomobe, Kazuki Tomokawa... Quant aux romanciers, les œuvres les plus marquantes nous ont été laissées par Kôbô Abe. Concernant les mangas, une brèche fut ouverte à la possibilité d'emploi de tournures surréalistes avec l'œuvre Nejishiki(ねじ式) de Yoshiharu Tsuge (publiée dans le numéro de juin du magazine Garo en 1968), 



puis le secteur put obtenir un appui écrasant de la génération du Zenkyôtô (équivalent de Mai 68) sous l'influence considérable d'artistes et de nombreux intellectuels non initiés à ce type d'œuvre. Le surréalisme japonais ne s'inscrit pas dans la continuité du dadaïsme. Au Japon, la quasi-totalité des écrivains appartenant au mouvement dadaïste (groupe d'écrivains faisant partie du MAVO) ne sont pas devenus surréalistes, et inversement, la plupart des surréalistes japonais n'œuvrent pas en tant que dadaïstes.
Il appartenait à l'écrivain majeur de la Bolivie au xxe siècle, Jaime Sáenz, de porter le flambeau du surréalisme en Amérique latine, plus d'ailleurs en héritier libre et indépendant qu'en sectateur fanatique.

Les techniques d'écriture surréalistes

Les surréalistes cherchent à libérer l'inconscient. Pour ce faire, ils utilisent les diverses techniques ci-dessous.
L'écriture automatique est un mode d'écriture cherchant à échapper aux contraintes de la logique, elle laisse s'exprimer la voix intérieure inconsciente, dévie l'inconscient de la pensée. Il s'agit d'écrire ce qui vient à l'esprit, sans se préoccuper du sens. Par l'écriture automatique, les surréalistes ont voulu donner une voix aux désirs profonds, refoulés par la société. L'objet surréaliste ainsi obtenu a d'abord pour effet de déconcerter l'esprit, donc de « le mettre en son tort ». Peut se produire alors la résurgence des forces profondes: l'esprit « revit avec exaltation la meilleure part de son enfance ». On saisit de tout son être la liaison qui unit les objets les plus opposés, l'image surréaliste authentiquement est un symbole. Approfondissant la pensée de Baudelaire, André Breton compare, dans Arcane 17, la démarche du surréalisme et celle de l'ésotérisme : elle offre « l'immense intérêt de maintenir à l'état dynamique le système de comparaison, ce champ illimité, dont dispose l'homme, qui lui livre les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre partiellement le symbolisme universel. »
Les récits et les analyses de rêves consistent à décrire ses rêves et à trouver le « fil conducteur » qui les relient à la réalité.
Des jeux d'écriture collectifs faisant intervenir le hasard sont également pratiqués ; le cadavre exquis en est un. Dans ce jeu, tous les participants écrivent tour à tour une partie de phrase sur une feuille sans connaître ce que les personnes précédentes ont marqué. L'ordre syntaxique nom-adjectif-verbe-COD-adjectif doit être respecté : on obtient ainsi une phrase grammaticalement correcte. Le nom de « cadavre exquis » vient de la première phrase obtenue de cette manière : « Le cadavre – exquis – boira – le vin – nouveau ».
Enfin, pendant les séances de sommeil hypnotique, les participants notent leurs délires et hallucinations parfois provoqués par prise de drogues ou d'alcool.

Changer l'homme

Le mouvement Dada était antibourgeois, antinationaliste et provocateur. Les surréalistes continuèrent sur cette lancée subversive. « Nous n'acceptons pas les lois de l'Économie ou de l'Échange, nous n'acceptons pas l'esclavage du Travail, et dans un domaine encore plus large nous nous déclarons en insurrection contre l'Histoire. » (tract La Révolution d'abord et toujours). Ces principes débouchent sur l'engagement politique : certains écrivains surréalistes adhèrent, temporairement, au Parti communiste français .
Aucun parti cependant ne répondait exactement aux aspirations des surréalistes, ce qui fut à l'origine de tensions avec le Parti communiste français. André Breton n'a pas de mots assez forts pour flétrir « l'ignoble mot d'engagement qui sue une servilité dont la poésie et l'art ont horreur. » Dès 1930, pourtant, Louis Aragon acceptait de soumettre son activité littéraire « à la discipline et au contrôle du parti communiste ». La guerre fit que Tristan Tzara et Paul Eluard le suivirent dans cette voie. Condamnation de l'exploitation de l'Homme par l'Homme, du militarisme, de l'oppression coloniale, des prêtres pour leur œuvre qu'ils jugent obscurantiste, et bientôt du nazisme, volonté d'une révolution sociale ; et plus tard, enfin, dénonciation du totalitarisme de l'Union Soviétique, tels sont les thèmes d'une lutte que, de la guerre du Maroc à la guerre d'Algérie, les surréalistes ont menée inlassablement. Ils ont tenté la synthèse du matérialisme historique et de l'occultisme, en se situant au carrefour de l'anarchisme, et du marxisme, fermement opposés à tous les fascismes et aux religions.

En conclusion

« Surréalisme : le mot est désormais dit comme victime de sa fausse popularité : on n'hésite pas à qualifier de surréaliste le premier fait un peu bizarre ou inhabituel, sans davantage se soucier de rigueur. Le surréalisme [...] est pourtant exemplaire par sa cohérence et la constance de ses exigences. »

Bibliographie

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