Gustave Doré

Gustave Doré
"Personne ne parle le francophone, ni n'écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d'étoile morte. Comment le monde pourrait-il se sentir concerné par la langue d'un pays virtuel ?" Manifeste pour une littérature-monde, 2007

martes, 20 de noviembre de 2012

LES MARGUERITES


MARGUERITE YOURCENAR- L´OEUVRE AU NOIR

par Federica Ramazzi et Adriana La Buonora

“Toute douleur prolongée insulte à leur oubli.”
                                                                       Marguerite Yourcenar  “ Mémoires d'Hadrien.


             Marguerite Cleenewerck de Crayencour, dont elle utilise l’anagramme est une écrivaine francophone, mais non française.
            Elle est née à Bruxelles, le 8 juin 1903. Le décès de sa mère lors de l'accouchement, a fait qu'elle ait toujours souffert malgré les efforts de son père qui était un homme très cultivé, anticonformiste et très grand voyageur.
            Il a tenait énormément à l'éducation de Marguerite et l’envoya toujours dans des institutions privées. Son premier poème dialogué, Le Jardin des chimères, est publié à compte d'auteur en 1921 et signé Yourcenar, anagramme de Crayencour à l'omission d'un C près, qui deviendra son patronyme légal en 1947 lors de sa naturalisation comme américaine.
Son roman Mémoires d'Hadrien, en 1951, connaît un succès mondial et lui vaut le statut définitif d'écrivain, consacré en1970 par son élection à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et dix ans plus tard, par son entrée à l'Académie française, grâce au soutien actif de l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson.
M. Yourcenar est la première femme à siéger à l'Académie française. Elle dit avoir longtemps hésité, pour le choix de son sujet, entre l'empereur Hadrien et le mathématicien-philosophe Omar Khayyâm.
            Elle a écrit des anagrammes, des poèmes dialogués, des essais, des critiques et des romans. Elle a aussi étudié des langues anciennes, la littérature et fait de nombreuses traductions.
            Elle a été définie comme humaniste. L'obscurantisme et l'ignorance sont des soucis toujours présents dans l'œuvre de cette femme.

            C’est peut-être pour ça que le personnage de Zénon paraît si naturel. Sa lutte contre le cléricalisme, l'obscurantisme, l'intolérance de ce Dieu vengeur et punisseur qui brûle tout ce qui ne comprend pas est de chaque instant.
            Zénon représente l'antagonisme entre Moyen Âge et Renaissance, du choix de l'individu de mourir de sa propre main contre la possibilité d'une exécution honteuse; il refuse d'obéir à son époque.
            Comme extrême geste de rébellion, comme ultime signe d’insoumission, Zénon préfère se suicider en se coupant les veines avant que de se faire brûler le lendemain.
            L’extrait montre une lutte tenace contre son propre corps. La mort apparaît inéluctable car même en agonie « son corps (avait) une activité violente et désordonnée”, il avait soif mais il était incapable de l'étancher, son pied lui pesait, il ne réussissait pas à se déboutonner, la nausée apparaît... ».
Lorsque la mort naturelle ou accidentelle approche, en général, on ne la sent pas venir mais lorsque le suicide est décidé et la personne passe à l’acte, toust son corps et son âme sont en émois. Tout se bouscule à l’intérieur, le cœur bat plus vite donc le sang circule à grande vitesse ; c’est l’excitation d’avoir pris une décision vitale et de savoir que c’est la bonne. C’est aussi savoir que l’heure de la délivrance approche et dans le cas de Zénon c’est aussi le fait de savoir qu’il va prendre sa revanche sur sa vie et sur son destin : c’est lui qui choisit quand et comment mourir. De plus, Zénon ne va pas mourir comme ses bourreaux l’ont voulu : il leur rit au nez, c’est lui qui a gagné.

            Zénon calcule  plusieurs fois la durée de sa souffrance. « Trois quarts d'heure qui s'étaient écoulés » et  « il essaya de calculer le temps qu'il faudrait  pour que la flaque rouge s’allongeât de l'autre côté du seuil ». Cependant il conçoit le futur « cette soif cesserait bientôt », « Mais peu importait, il était sauvé », « on ne brûlerait demain qu'un cadavre ».
Le temps qui passe est lent, en contradiction avec les sensations vertigineuses et rapides que ressent Zénon internement et sa soif intense de délivrance.

La rapide description des éléments extérieurs représente la mort dans son sens le plus large. « …les bruits de clochers …» : lors d’un enterrement le clocher d’une église retentit et les cloches se font entendre. « …le tonnerre… », c’est encore une image d’un temps triste, noir, obscur et gris comme le moment historique que vit Zénon. Mais c’est aussi l’image de la mort : on n’associe que très rarement le soleil et le beau temps à ce moment terminal de la vie, surtout si la personne se suicide. Le tonnerre nous indique la tempête et lorsque Zénon se suicide tout son corps et son âme sont en pleine « tempête ». Marguerite Yourcenar parle de « … criards oiseaux regagnant leur nid … », les oiseaux peuvent être assimilés aux corbeaux qui sont les oiseaux qui représentent la mort. Ces derniers crient toujours lorsque la mort rode dans les environs. Dans le cas de Zénon la mort est non seulement présente mais aussi consciente, vivante, choisi, désirée, voulue et accomplie. Finalement, Zénon entend « au dehors le son précis d’un égouttement... le sang qui s’écoulait sur le carreau.» : le suicide par coupure des veines est une mort lente qui voit le peu de temps qui reste, passer. Chaque goutte sur le carrelage est une de moins avant la mort certaine. Le temps passe, chaque goutte peut s’assimiler aux secondes qui passent et qui sont les dernières de souffrance avant la libération finale.
Toute cette description des éléments extérieurs renforce l’idée de souffrance de l’âme et du corps et la soif intense de délivrance.

            On peut trouver une expression-clé “Mais peu importait: il était sauvé”.  Le triomphe du suicide c'est l'ironie de sa propre mort. A celle-ci, on ajoute que Zénon choisit sa  façon de mourir. Le feu, parmi les ressources de l'inquisition (dont l'eau, la corde, et plusieurs éléments de torture) utilisé contre tout suspect d'hérésie ou apostasie, non seulement cherche la purification, mais la déshumanisation de l'être. C'est contre ça la révolte de Zénon. Il est sauvé de l'anonymat, de l’oubli, des cendres, du rien.

MARGUERITE DURAS- L´AMANT
par Lucía González et Claudio Silva
           
MARGUERITE DURAS

Marguerite Duras, de son vrai nom Marguerite Donnadieu, est née le 4 avril 1914 à Gia Dinh, Saïgon. Elle passe toute son enfance au Vietnam à 1932 après avoir obtenu son baccalauréat, elle quitte Saïgon et vient s’installer en France pour poursuivre ses études. En 1963 elle obtient sa licence en Droit.
Elle était partisanne du Parti Comuniste Français et en 1950 elle le quitte.
Journaliste  dramaturge scénariste, elle reçoit le Grand prix du théâtre de  l'Académie française en 1983 et le prix Goncourt en 1984 pour « L' Amant », adapté par Jean-Jacques Annaud au cinéma. Son œuvre est à rattacher au courant du Nouveau Roman. Les textes de Marguerite Duras, concis, chargés d'ellipses et de silences, se disloquent jusqu'à l'énigme. Les écrits, les paroles sont à la fois insuffisants et superflus. Parmi ses romans, on peut citer « Un barrage contre le Pacifique » (1950), « Le Marin de Gibraltar » (1952), « Moderato cantabile » (1958).
Elle connaît une notoriété internationale avec Hiroshima mon amour, le film d’Alain Resnais dont elle écrit le scénario et les dialogues.

L’amant
L’amant est un roman de Margueritte Duras, qui date de 1944 et présente l’histoire probablement autobiographique d’une jeune fille d’origine européenne âgée de quinze ans qui tombe amoureuse d’un chinois fort riche qui redouble son âge.
Bien que  le roman porte sur  cette histoire d’amour, il y a une multiplicité d’interprétations et de niveaux de lecture. Il s’agit aussi d’une description implicite de la situation  de conflit social et ethnique, de la différence d’âge, de la découverte de l’amour et du plaisir  dans le cadre de la première expérience sexuelle.
Elle récrée la souffrance éprouvée  au sein de sa propre vie familiale, la relation avec ses frères, l’amour envers sa mère.
Même si on peut « entendre » le tonne autobiographique du roman, il ne faut pas  l’assimiler à un récit spécifique des évènements da sa vie. En effet on aperçoit la réalité nuancée par son imagination.
La narratrice évoque plusieurs  évènements, quelques-uns de forme complète complets, d’autres inachevés et même d’autres qu’elle raconte plusieurs fois pour préciser certains aspects de ce qui est présent ou pour le montrer d’un point de vue différent.
Encadrée dans un environnement exotique cette histoire s’inscrit dans l’Indochine coloniale de l’entre guerre.


PRÉSENTATION DE L’EXTRAIT.
Cet extrait présente une scène intime entre le personnage principal- la jeune fille de quinze ans- et son aimé.
La scène se  déroule dans une chambre, plus précisément dans le lit «  il met sa tête sur moi et il pleure de me voir pleurer » où la fille pleure à cause de  ses sentiments face a sa mère.
Le récit commence à la première personne et passe à la troisième personne  quand elle fait référence aux rêves. Elle  exprime ses propres sentiments par rapport  aux sentiments et expériences vécues par sa mère, à tel point qu’il en existe une identification.
« A travers les persiennes le soir est arrivé » à partir de ce moment le narrateur focalise son attention sur le décor, l’introduction des éléments du monde extérieur dans la scène : le vacarme, les lampadaires rompent l’atmosphère intime du premier moment et donnent lieu à la réflexion. En même temps qu’ils s’habillent, ils s’aperçoivent des changements chez la jeune fille qui « a vieilli », « qui est fatiguée ».
À la fin du récit la description de la cohue établi une opposition entre l’intimité des amants et l’aliénation de la foule qui marche sans sens sans un sens, sans désirs et  qui semble être accompagnée mais que finalement ils sont isolés.

ANALYSE DE L’EXTRAIT
La narration commence avec l’expression d’une douleur qui est « consolée » par les baisers. On pourrait penser que la souffrance sert de décor pour cette histoire parce que la jeune fille trouve une ambiance aisée pour se détendre et pour partager la douleur avec son amant. Alors, elle trouve dans « cette chambre » un espace introuvable dans sa famille.
 Le marqueur temporel « ce-jour-là » place les évènements qui suivent dans un passé par rapport au présent de la narration. L’effet  de ses larmes dépasse le jour auquel la narratrice fait référence pour consoler aussi la douleur du temps passé et du futur par rapport à ce passé, qui est, bref, le présent de la narratrice.
« lui dit que… »le recours au discours rapporté sert à récréer le dialogue entre les personnages, cette récréation nous permet de connaître la pensée de la narratrice qui exprime son désir de quitter sa mère.
« Je pleure, il met sa tête sur moi », afin de nous rapprocher aux évènements passés dans la chambre, la narratrice emploie le présent historique.
Ce passage nous montre le degré d’intimité et d’empathie existant entre le deux amants toujours du point de vue de la narratrice-personnage.
« Le malheur de ma mère a occupé le lieu du rêve » on peut remarquer la présence du malheur de la mère dans les rêves de la fille. C’est à travers le rêve que la fille trouve un moyen d’expression, qui est l’expression des sentiments de sa mère qui deviennent aussi les siens. La douleur remplaçant les illusions de l’enfance « jamais les arbres de Noël », c’est l’image d’une femme seule dans le désert mettant en relief les sentiments de solitude, car elle ne parle avec personne.
« À travers les persiennes le soir est arrivé », une série d’énnoncés où les verbes conjugués sont au passé composé et  aident à construire un changement d’atmosphère qu’introduit une description sensorielle du monde extérieur qui rompt avec l’intimité de la scène prècedent.
Nous passons d’une profonde intimité entre les personnages, d’une identification qui leur permet de partager les sentiments, à l’irruption du bruit de l’extérieur, de la lumière qui s’allume  pour briser l’ambiance presque sacrée des amants dans le lit.
« Nous sommes sortis de la garçonnière », à travers cette métaphore s’illustre la transition entre deux états d’esprit. D’une part l’état de communion entre les amants qui les fait ressembler à deux enfants, et  d'autre part deux personnes habillées selon les conventions sociales.
Finalement la  fille se reconnaît comme une femme quand elle pronnonce : 
«  J’ai vieilli». Son amant la reconnait de cette façon aussi, en disant  «  tu es fatiguée ».
Le dernièr paragraphe décrit le dégre d’aliénation que souffre « la foule de la Chine » qui marche « galeuse comme les chiens abandonnés ». Le point de vue de la narratrice par rapport à la façon de vivre nous montre un regard distant, qui exprime le dégoût par ces gens qui marchent ensemble comme s’ils n’ avaient pas de sentiments « sans tristesse, sans curiosité ». Le paragraphe finit avec une préoccupation existentialiste de part de la narratrice qui voit la cohue symbolisant l’humanité dans sa marche sans propos.
Pour conclure, cet extrait porte sur la profonde expression de douleur qui s’exprime à travers les pleurs partagés  des amants  unis par  ce sentiment.
Le proposé de la narratrice qui regarde avec dégoût l’aliénation de la société chinoise et par extension du monde capitaliste.
L’extrait montre le style personnel de l’écriture de Duras  dans ce roman et sa capacité pour élever à un plan universel les sentiments et les préoccupations de cette fille qui se plaint de la pauvreté, de la solitude et de la faim.

Merci Mme le Professeur Soledad Lessa (corrections)!!!! 



           


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