Jacques
Prévert
Jacques Prévert est un poète et scénariste français,
né le 4 février 1900
à Neuilly-sur-Seine, et mort
le 11 avril 1977
à Omonville-la-Petite (Manche). Auteur
d'un premier succès, le recueil de poèmes, Paroles, il devint un
poète populaire grâce à son
langage familier et à ses jeux sur les mots. Ses
poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et massivement appris dans les écoles
françaises. Il a également écrit des scénarios pour le cinéma.
Biographie
Jacques Prévert naît au 19 de la
rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine
(actuellement Hauts-de-Seine) le 4
février 1900. Il y passe son enfance. Son père André Prévert, fait divers
métiers pour gagner sa vie, et de la critique dramatique et cinématographique
par plaisir. Il l'emmène souvent au théâtre et au cinéma. Suzanne, sa mère (née
Catusse), l'initie à la lecture. Il s'ennuie à l'école, et dès 15 ans, après
son certificat d'études, il
abandonne les études. Il multiplie alors les petits travaux, notamment au grand
magasin Le Bon Marché. Mobilisé en
1917, son service militaire se poursuit à Saint-Nicolas-de-Port où
il rencontre Yves Tanguy, avant d'être
envoyé à Istanbul où il fait la connaissance de Marcel Duhamel.
En 1925, il participe au
mouvement surréaliste, qui se retrouve au 54 de la rue du Château près de Montparnasse. C'est en fait un logement
« collectif » où habitent Marcel Duhamel, Raymond Queneau et Yves Tanguy. C'est Prévert qui trouvera le terme de cadavre exquis pour définir le jeu littéraire auquel ses amis
et lui se livrent. Prévert est toutefois trop indépendant d'esprit pour faire
véritablement partie d'un groupe constitué, quel qu'il soit. Il supporte mal
les exigences d'André Breton, et la
rupture est consommée en 1930. En 1932, il écrit les textes pour le groupe Octobre et il participe aux Olympiades du théâtre à Moscou.
Toute sa vie, Jacques Prévert
témoignera d'un engagement politique sincère, et cet engagement sera à
l'origine de ses plus belles réussites et de nombre de ses déboires. Le groupe
Octobre, avec lequel il se fit remarquer, était une troupe de théâtre
itinérante qui allait jouer dans les usines en grève. Jean Renoir, compagnon de route du Parti communiste français,
travaille tout naturellement avec lui, en particulier sur Le Crime de Monsieur Lange.
Lumière d'été de Jean Grémillon met en scène l'oisiveté et le travail, et Les Visiteurs du soir
s'achève, après que le diable a transformé en statues de pierre les amoureux
qui lui résistaient, par un battement sourd et cette réplique, que tous les
français comprirent : « Ce cœur qui bat, qui bat...».
Il est le scénariste et
dialoguiste de grands films français des années 1935-1945, notamment Drôle de drame, Le Quai des brumes,
Le jour se lève, Les Visiteurs du soir,
Les Enfants du paradis
et Les Portes de la nuit
de Marcel Carné, Le Crime de Monsieur Lange
de Jean Renoir, Remorques et Lumière d'été de Jean Grémillon. Il a, à deux reprises, adapté des contes de Hans Christian Andersen,
d'abord La Bergère et le Ramoneur
devenu Le Roi et l'Oiseau,
film d'animation de Paul Grimault en 1957, puis en 1964, Grand Claus et Petit Claus,
autre conte d'Andersen, à la télévision, Le Petit Claus
et le Grand Claus de son frère Pierre Prévert.
Pendant la guerre, il protège son
ami musicien et juif, Joseph Kosma 1 qui, grâce à lui, peut poursuivre son travail de
musicien, et il aide également à se cacher le décorateur Alexandre Trauner, recherché par les allemands.
Ses poèmes sont mis en musique
par Joseph Kosma dès 1935 (À la belle étoile) : ses
interprètes sont entre autres Agnès Capri, Juliette Gréco, Les Frères Jacques, Yves Montand. Son recueil Paroles, publié en
1946, obtient un vif succès.
Il écrit des pièces de théâtre.
Son anticléricalisme, parfois
violent, est souvent négligé par le public, au profit de ses thèmes sur
l'enfance et la nature.
Sa fille Michèle naît en 1946. Il
épouse Janine Tricotet en 1947.
Le 12 octobre 1948, à Paris, il
tombe d'une porte-fenêtre et reste plusieurs jours dans le coma. Le hasard a
voulu que Pierre Bergé en ait été
témoin, le jour même où celui-ci venait d'arriver pour la toute première fois
dans la capitale alors qu'il se promenait sur les Champs-Élysées.
Son domicile parisien est situé
dans le quartier de Montmartre, au fond d'une petite impasse
derrière le Moulin Rouge, sur le même
palier que Boris Vian.
Son domicile secondaire est à Antibes, mais, à la suite de la résiliation de son bail par le
propriétaire qui souhaitait récupérer l'appartement des remparts, il doit
quitter Antibes. Sur les conseils du décorateur Alexandre Trauner, il achète alors une maison en 1971 à Omonville-la-Petite, dans
la Manche. Le 11 avril 1977,
il y meurt des suites d'un cancer du poumon, lui qui avait toujours la
cigarette à la bouche. Il avait 77 ans.
Aux côtés de sa femme, de sa
fille et d'Alexandre Trauner, il est enterré au cimetière
d'Omonville-la-Petite, où l'on peut également visiter sa maison. Non loin de là, à Saint-Germain-des-Vaux,
ses amis ont aménagé un jardin dédié au poète.
Style
Prévert fait éclater le caractère
conventionnel du discours par le jeu des mots. Sa poésie est constamment faite de jeux sur le
langage (calembours, inventions burlesques, néologismes, lapsus volontaires…) dont le poète tire
des effets comiques inattendus (un humour parfois noir), des significations
doubles ou encore des images insolites.
Ses poèmes fourmillent de jeux de
sons, de combinaisons pour l'oreille (allitérations, rimes et rythmes variés) qui paraissent
faciles mais dont Prévert fait un usage savant. Enfin, il ne faut pas négliger,
comme l'a fait remarquer Danièle Gasiglia-Laster
dans son introduction aux Œuvres Complètes de Prévert dans la
Bibliothèque de la Pléiade, les apports du surréalisme dont on retrouve les traces: inventaires,
énumérations hétéroclites d'objets et d'individus, additions de substantifs ou
d'adjectifs, etc. Il est friand des procédés de l'image, de la métaphore et de
la personnification (animal, objet, humain).
Prévert s'en prend aux
stéréotypes du langage, à tout ce qui est figé, imposé : « Les
expressions stéréotypées, les citations célèbres, les proverbes, permettent
toutes les mystifications possibles. Quand certains êtres en oppriment
d'autres, ils tentent en effet de leur faire croire que ce qui se dit ou
s'écrit reflète l'ordre naturel des choses : "A tout seigneur tout
honneur", "Qui aime bien châtie bien", etc. Aussi Prévert
va-t-il détourner de leur sens ces "messages du mensonge", les
subvertir au profit de ceux qu'ils desservaient : "Cent fois sur le
métier remettez votre ouvrage à demain, si on ne vous paie pas le salaire
d'aujourd'hui" [...], ou bien inventera à son tour des aphorismes qui
insinueront d'autres rapports de force et surtout une autre conception de la
société : "Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont
indignés" [...]. Quand il utilise des clichés, non pas pour les mettre dans
la bouche de personnages sans consistance mais pour son propre compte, il leur
fait subir une cure de jouvence, le plus souvent en les prenant à leur premier
degré de signification. Ainsi, le monde de "Lanterne magique de
Picasso" est-il "beau comme tout", comme la totalité de
l'univers et de ses parcelles. Bousculer les automatismes se révèle en
définitive vital, car à trop se contenter d'utiliser le langage tel qu'il nous
est donné, avec les mêmes immuables associations, on risque de pétrifier les
êtres et les choses.» explique Danièle Gasiglia-Laster
(Introduction au tome 1 des Œuvres complètes de Prévert, Bibliothèque de
la Pléiade, Gallimard).
« Jacques Prévert est très
attaché à la langue. Il est un gourmet des mots qui éprouve un vrai plaisir en
jouant avec eux. Et cette jouissance du verbe, il la communique à ses lecteurs.
Dès que les mots jaillissent, il les attrape et s’amuse : il les associe, les
oppose, les détourne, les fait sonner les uns avec les autres, joue avec leurs
différents sens… Il part de mots simples, « des mots de tous les
jours » comme les nomme Garance/Arletty dans Les Enfants du paradis
(Marcel Carné, 1945). Et, grâce à un travail d’orfèvre, il leur donne une force
et une vivacité teintées d’humour – parfois noir et féroce – qui constituent sa
patte. L’humour est capital. N’oublions pas que Prévert a été élevé à la
distinction de Satrape du Collège de Pataphysique en qualité de fabricants de
Petits Plats dans les Grands pour la définition qu’il en avait donné dans La
Nef (01/1951) : " Depuis trop longtemps on prenait l’humour à la
légère, il s’agit maintenant de le prendre à la lourde " » écrit Carole Aurouet dans Jacques Prévert Paris la belle.
Catalogue d'exposition.
Ses principaux jeux de mots:
- jeu de cortège: développement descriptif, énumération d'objets et/ou d'individus.
- équivoque: jeux sur la double signification d'un mot, au sens propre et au sens figuré, sens courant ou sens argotique. Exemple: le titre du poème Petite tête sans cervelle, pris au figuré, prend plus tard le sens propre : l'enfant distrait sera renversé par un train.
- zeugma: procédé qui rattache grammaticalement des termes qui ne se rapportent pas logiquement l'un à l'autre. Exemple de l'auteur: "Napoléon prit du ventre et beaucoup de pays."
- calembours: fondé sur une similitude de sons ou de sens.
- néologisme: création de nouveaux mots.
- mots pris à la lettre: jeux sur le sens premier des mots.
- logique de l'absurde: tout ce qui est contraire à la raison.
- allitération: répétition de consonnes ou voyelles avec un but d´imitation.
- rime et rythme: intérieur et extérieur.
- aphorismes de fantaisie: maximes et proverbes de son imagination.
- La syllepse est la figure de style qu'il utilise avec prédilection: elle consiste à opérer des glissements entre le sens propre et le sens figuré des mots. Par exemple, dans un texte de Paroles, intitulé « La Lessive », Prévert joue avec une expression populaire « laver son linge sale en famille » (qui désigne le fait de garder dans le cercle familial les éventuels « secrets honteux » qu'on peut avoir à cacher) et s'amuse à la prendre au pied de la lettre, en représentant la famille autour d'un baquet, en train de récurer la fille de la maison qui a commis une faute qui sème la zizanie dans le cercle familial.
Citations
« Le titre du recueil Paroles, notent Danièle Gasiglia-Laster et
Arnaud Laster, sonne comme un défi, un refus de se soumettre à
la tradition qui privilégie l'écrit et l'imprimé ; ce que confirment les
propos de Prévert rapportés par un journaliste : "Il n'est pas vrai
que les écrits restent. Ce sont les paroles". Propos qui font écho, en
plus provocateurs, à ceux qu'il avait déjà mis dans la bouche d'un facteur -
homme de lettres à sa manière, un confrère en somme : « les écrits
s'envolent, les paroles restent » [Drôle d'immeuble, La Pluie et le
Beau Temps]. Donne-t-il par là raison à un critique de Paroles qui
se demandera - sans penser particulièrement au titre - s'il ne s'agirait pas
« sous couleur de désinvolture d'une démarche poétique particulièrement
ambitieuse ? » Il est permis de le soutenir, même si Prévert vise
moins à substituer une hiérarchie à une autre qu'à suggérer, à la faveur d'un
renversement, l'égale valeur de tous les modes d'expression. »
Carole Aurouet en fait le commentaire suivant :
« Outre les thèmes abordés, Paroles
est également novateur, atypique et détonant, par sa forme et son style. C’est
un recueil placé sous le signe de l’éclectisme dans lequel on trouve aussi bien
des textes courts que des chansons, des histoires, des instantanés et des
inventaires. Prévert y mélange les genres. Il ne s’inscrit dans aucune
taxinomie poétique. Par ailleurs, il tord le cou aux règles de versification
classique, tant au niveau du rythme que de la disposition ou de la ponctuation.
Prévert a notamment gardé de son passage par le surréalisme une façon
singulière de détruire les clichés langagiers et les lieux communs. Il attire,
par exemple, l’attention de ses lecteurs sur l’arbitraire du signe. Il use avec
brio des contrepèteries, des calembours, des équivoques et des allégories. Il
rend hommage en quelque sorte au langage populaire. »
Danièle Gasiglia-Laster
précise, dans son analyse sur Paroles parue dans la collection
Foliothèque de Gallimard :
« Que le poète sache manier
l'extrême concision ne fait pas de doute, mais il excelle aussi dans les grands
textes foisonnants où il met alors en scène de multiples personnages qui
évoluent dans des environnements variés. »
Il entre alors au Collège de "Pataphysique"
dont il devient Transcendant Satrape en
1953.
« Le Collège ne prenant pas
en compte des transformations aussi peu importantes que le décès, il y demeure
président mémorial de la Sous-Commission des Paraphrases. »
Scénariste
Prévert est, avec notamment Quai des brumes de Marcel Carné en 1938,Le Crime de Monsieur Lange
de Jean Renoir (1936) et Les Enfants du paradis
de Marcel Carné (1945), l'un des grands scénaristes français.
Les réalisateurs avec qui il a
travaillé lui accordaient une grande confiance sur l'histoire racontée par le
film. Nombre de réalisateurs, ont réalisé leur meilleur film avec lui, ou du
moins le plus original. Nombre de ses répliques ( « —T'as de beaux
yeux, tu sais ? — Embrassez-moi.») (« — François, y a plus de
François ! ») ( « Paris est tout petit pour ceux qui
s’aiment comme nous d’un aussi grand amour.») (« Vous êtes riche et
vous voudriez être aimé comme un pauvre. Et les pauvres on ne peut quand même
pas tout leur prendre, aux pauvres ! ») sont parfois plus connues
que ses poèmes. Prévert qui travaillait sur les films jusqu'au mot FIN est souvent qualifié d'auteur sans que des
réalisateurs aussi talentueux que Renoir, Carné ou Grémillon en prennent
ombrage.
Il a travaillé près de trente ans
avec Paul Grimault sur Le Roi et l'Oiseau,
et, alors que Paul Grimault avait enfin trouvé les moyens de finir son film, et
que Prévert était à l'article de la mort, il a travaillé sur les dialogues
jusqu'à son dernier souffle. La veille de sa mort, il envoie un télégramme à
Paul Grimault avec ces mots : « Et s'il n'en reste qu'un, nous
serons ces deux-là.» Le Roi et l'Oiseau s'achève sur la libération
d'un oiseau enfermé dans sa cage par le robot destructeur, libéré lui aussi, et
qui, dès que l'oiseau s'envole, écrase la cage d'un coup de poing.
Dans le cinéma, son nom est
attaché aux grandes œuvres de la période du cinéma français de 1935 à 1945.
Après guerre, l'insuccès commercial du film Les Portes de la nuit
sera le prétexte aux productions de cinéma pour ne plus travailler avec cet
auteur trop engagé, et trop indépendant pour se soumettre à leurs ordres.
Il continue comme scénariste, avec encore de belles réussites, comme Les
Amants de Vérone d'André Cayatte (1948), les films réalisés avec Paul
Grimault, notamment Le Roi et l'Oiseau dont il est question plus haut,
les films réalisés pour la télévision avec Pierre Prévert, Le Petit Claus et
le Grand Claus (196)4, La Maison du passeur (1965). Mais à partir de
la publication de Paroles, il se consacre davantage à ses textes publiés
en recueils.
Sa relation avec la musique classique
Prévert a écrit un certain nombre
de poèmes en hommage à des œuvres musicales qu'il appréciait. Cette relation du
poète à la musique classique est assez méconnue car il s'exprimait peu sur le
sujet. Il a néanmoins, en 1974, participé, à la demande d'Arnaud Laster, à une émission diffusée sur France Musique, L'Antenne de France-Musique est à Jacques
Prévert. Dans cet entretien avec A. Laster, enregistré dans la
maison qu'il habitait alors avec sa femme Janine à Omonville-la-Petite, il
parle de son goût pour des musiciens aussi divers que Alban Berg, Georges Bizet, Igor Stravinsky, Antonio Vivaldi, Erik Satie, Haendel, Carl Orff... C'est le peintre Autrichien Lucas Suppin qui a mis en relation Jacques Prévert avec Carl Orff. Nous apprenons également dans ces lettres de Suppin
que Orff, Suppin et Prévert avaient un projet commun autour d'un livre (probablement
autour du thème d'Œdipe) mais celui-ci ne s'est jamais réalisé. Prévert
entretenait avec Carl Orff une proximité amicale comme en témoignent ses
dédicaces régulières, dont une datée de 1959 : « à Carl Orff, à sa
musique - Jacques Rêve-vert ». Un poème publié dans Choses et autres, Carmina
Burana (titre d'une cantate scénique de Carl Orff : Carmina Burana)
rend hommage à ces chants profanes. Ce poème sera repris dans l'ouvrage
"Carmina Burana" (Manus Press 1965 ) illustré de partitions de Carl Orff et de dessins de Hap Grieshaber.
Prévert entend dans la musique de Carl Orff, écrit Arnaud Laster, « un
hymne à la beauté et à l'amour » et « une revendication du bonheur
qui rejoint la sienne »12. Notons enfin, coïncidence ou pas, que l'un et
l'autre ont travaillé l'histoire d'Agnès Bernauer: Die Bernauerin pour
Carl Orff en 1947 et Agnès Bernauer pour Prévert en 1961 dans le film Les Amours célèbres de
Michel Boisrond.
Œuvres
- 1951 : Spectacle
- 1955 : La Pluie et le beau temps
- 1955 : Lumières d’homme
- 1963 : Histoires et d'autres histoires
- 1966 : Fatras
- 1970 : Imaginaires
- Choses et autres
- 1980 : Soleil de nuit, recueil posthume, édition préparée par Arnaud Laster avec le concours de Janine Prévert.
- 1984 : La Cinquième Saison, recueil posthume, édition préparée par Arnaud Laster et Danièle Gasiglia-Laster avec le concours de Janine Prévert.
- Œuvres complètes, édition établie, présentée et annotée par Danièle Gasiglia-Laster et Arnaud Laster, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, t. I, 1992 [réimpression la plus récente : 2008], t. II, 1996 [réimpression la plus récente : 2004]
Théâtre
- Octobre
Entretiens
- Hebdromadaires (avec André Pozner)
Livres d'art et collages
- 1951 : Grand Bal du printemps, avec le photographe Izis
- 1952 : Charmes de Londres, avec le photographe Izis
- Durnes, avec Pablo Picasso et le photographe André Villers
- Couleur de Paris, avec le photographe Peter Cornelius
- Le Cirque d'Izis, avec Marc Chagall et Izis
- Les chiens ont soif, avec Max Ernst
- Varengeville, avec Georges Braque
- Fêtes, avec Alexander Calder
- 1973 : Eaux-fortes (avec Marcel Jean)
- Adonides, avec Joan Miró
- 1976 : Arbres (gravures de Georges Ribemont-Dessaignes)
Livres pour enfants
Si plusieurs livres pour la jeunesse sont parus après la mort de Jacques Prévert sous sa signature, Prévert n'y est pour rien. Ces volumes post mortem ont été constitués à partir de textes extraits de ses recueils et ont été ornementés. De son vivant, il n'avait conçu et publié que six livres pour les enfants.
- 1947 : Contes pour enfants pas sages
- 1947 : Le Petit Lion, avec des photographies d'Ylla
- 1950 : Des bêtes, avec des photographies d'Ylla
- 1952 : Lettre des îles Baladar, avec des illustrations de André François
- 1952 : Guignol, avec des peintures de Elsa Henriquez
- 1953 : L'Opéra de la lune, avec des illustrations de Jacqueline Duhême
Deux films pour enfants dont
Jacques Prévert est le coauteur ont fait l'objet d'une version livresque :
- 1952 : Bim, le petit âne, de Jacques Prévert et Albert Lamorisse
- 1980 : Le Roi et l'Oiseau, de Jacques Prévert et Paul Grimault
Autres ouvrages
- 1946 : Le Cheval de Trois
- 1951 : Vignettes pour les vignerons
- 1953 : Tour de chant
Poèmes et textes mis en chanson
- 1959 : Récital 1958 au Théâtre de L'Étoile (2 titres)
- 1962 : Yves Montand chante Jacques Prévert (album de 15 titres)
Anthologie
- Jacques Prévert, un poète, textes choisis et présentés par Arnaud Laster, Folio junior en poésie, Gallimard, 1980 [nouvelle édition : 1993]
Filmographie
- 1932 : Baleydier de Jean Mamy adaptation et dialogues
- 1932 : Comme une carpe de Claude Heymann, scénario, adaptation et histoire
- 1932 : L'affaire est dans le sac de Pierre Prévert, scénario et dialogues
- 1933 : Ciboulette de Claude Autant-Lara, adaptation et dialogues
- 1933 : Si j'étais le patron de Richard Pottier, scénario
- 1934 : Le Taxi de minuit de Albert Valentin
- 1934 : L'Hôtel du libre échange de Marc Allégret
- 1935 : Un oiseau rare de Richard Pottier
- 1936 : Moutonnet de René Sti, adaptation et dialogues
- 1936 : Jenny de Marcel Carné
- 1936 : Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir, adaptation et dialogues
- 1937 : 27 rue de la Paix de Richard Pottier, adaptation
- 1937 : Drôle de drame de Marcel Carné, adaptation et dialogues
- 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon de Claude Autant-Lara et Maurice Lehmann, dialogues
- 1938 : Ernest le rebelle de Christian-Jaque, dialogues
- 1938 : Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, dialogues (non crédité)
- 1938 : Le Quai des brumes de Marcel Carné, scénario and dialogues
- 1939 : The Mysterious Mr. Davis de Claude Autant-Lara
- 1939 : Le jour se lève de Marcel Carné
- 1941 : Remorques de Jean Grémillon, adaptation et dialogues
- 1941 : Une femme dans la nuit de Edmond T. Gréville, adaptation et dialogues (non crédité)
- 1941 : Le Soleil a toujours raison de Pierre Billon, adaptation et dialogues
- 1942 : Les Visiteurs du soir de Marcel Carné
- 1943 : Lumière d'été de Jean Grémillon, scénario et dialogues
- 1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert, scénario et dialogues
- 1945 : Les Enfants du paradis de Marcel Carné
- 1945 : Sortilèges de Christian-Jaque, adaptation et dialogues
- 1946 : Aubervilliers de Éli Lotar, commentaires
- 1946 : Les Portes de la nuit de Marcel Carné
- 1946 : Voyage surprise de Pierre Prévert, scénario et dialogues
- 1947 : L'Arche de Noé de Henry Jacques, adaptation et dialogues
- 1947 : Le Petit soldat de Paul Grimault
- 1947 : La Fleur de l'âge de Marcel Carné, film inachevé
- 1949 : Les Amants de Vérone de André Cayatte, dialogues
- 1950 : Souvenirs perdus de Christian-Jaque
- 1950 : Bim le petit âne de Albert Lamorisse, écriture et commentaire
- 1950 : La Marie du port de Marcel Carné, dialogues (non crédité)
- 1953 : La Bergère et le ramoneur de Paul Grimault, scénario, adaptation et dialogues
- 1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy
- 1958 : La Seine a rencontré Paris de Joris Ivens
- 1959 : Paris la belle de Pierre Prévert, voix
- 1961 : Amours célèbres de Michel Boisrond, adaptation et dialogues
- 1964 : Le Petit Claus et le Grand Claus de Pierre Prévert d'après le conte d'Hans Christian Andersen
- 1966 : À la belle étoile de Pierre Prévert, adaptation
- 1970 : Le Diamant de Paul Grimault
- 1980 : Le Roi et l'Oiseau
de Paul Grimault, scénario,
adaptation et dialogues
PAROLES (1945)
Yves Montand chante Prévert
Serge Gainsbourg, les cimitières et Prévert
Les feuilles mortes
(musique: Joseph Kosma, paroles: Jacques Prévert, interprete pour la premiere fois par Yves Montand en 1946)
C'est une chanson, qui nous ressemble
Toi tu m'aimais et je t'aimais
Nous vivions tous, les deux ensemble
Toi que m'aimais moi qui t'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
Tout doucement sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunisOh! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux oů nous étions amis
En ce temps-la la vie était plus belle,
Et le soleil plus brűlant qu'aujourd'hui
Les feuilles mortes se ramassent a la pelle
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent a la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.C'est une chanson qui nous ressemble
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.Les feuilles mortes se ramassent a la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidele
Sourit toujours et remercie la vie
Je t'aimais tant, tu étais si jolie,
Comment veux-tu que je t'oublie?
En ce temps-la, la vie était plus belle
Et le soleil plus brűlant qu'aujourd'hui
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais
Toujours, toujours je l'entendrai!C'est une chanson qui nous ressemble
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.´
1)a. Ce texte est-il écrit en prose ou en vers? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur deux indices.b. A quel genre précis appartient-il? Justifiez votre réponse.
2) A quelle personne le poète s'exprime-t-il? A qui s'adresse-t-il? Avec quel pronom?
3) Quelles relations les deux personnages entretiennent-ils? Pour répondre :a. Relevez un champs lexical que vous nommerez;b. Etudiez le choix et la place des pronoms dans les vers 14 à 18.
4) Quel est le souhait exprimé par le poète? Identifiez l'interjection et le type de phrase par lequel il l'exprime [vers 1]
5)a. Relevez, dans la première strophe, deux indications temporelles qui marquent l'opposition entre le passé et le présent.b. Identifiez les deux temps verbaux qui soulignent cette opposition. Citez un exemple de chaque.
6)a. Identifiez et expliquez la figure de style présente dans la première strophe.b. Quelles sont les deux saisons qui s'opposent? A quels sentiments sont-elles associées? A quelles différentes époques de la vie du poète renvoient-elles?
7)a. Relevez, dans le refrain, le connecteur logique qui exprime la rupture entre deux époques.b. Identifiez la valeur de présent dans le vers 19.c. Relevez les deux champs lexicaux opposés dans les vers 13 à 23.d. Quelle image est suggérée par la mer dans les vers 22-23?
8)a. Dans la dernière strophe, relevez les deux mots qui caractérisent l'amour qu'éprouve le poète. Identifiez leur classe grammaticale.b. Quel adverbe marque la permanence de cet amour?
9)a. Identifiez le degré d'intensité des adjectifs belle et brûlant dans les vers 3, 4 et 30, 31.b. Quelle évolution voyez-vous concernant l'état intérieur du poète entre le début et la fin du poème? Justifiez votre réponse.
10)a. Quel rôle la chanson a-t-elle joué dans la vie passée?b. Quel rôle est-elle ensuite amenée à jouer pour le poète? Appuyez-vous sur le jeu des temps et sur le mot répété dans le dernier vers.
11) Comparez les paroles de "Les feuilles mortes" avec celles de "Rien de rien":Paroles : Michel VAUCAIRE Musique : Charles DUMONT (c) 1961 Editions Eddie Barclay
Non ! Rien de rienNon ! Je ne regrette rienNi le bien qu'on m'a faitNi le mal tout ça m'est bien égal!Non ! Rien de rienNon ! Je ne regrette rienC'est payé, balayé, oubliéJe me fous du passé !Avec mes souvenirsJ'ai allumé le feuMes chagrins, mes plaisirsJe n'ai plus besoin d'eux !Balayés les amoursEt tous leurs trémolosBalayés pour toujoursJe repars à zéroNon ! Rien de rienNon ! Je ne regrette rienNi le bien, qu'on m'a faitNi le mal, tout ça m'est bien égal !Non ! Rien de rienNon ! Je ne regrette rienCar ma vie, car mes joiesAujourd'hui, ça commence avec toi !Revenons à Prévert:AlicanteUne orange sur la table
Ta robe sur le tapis
Et toi dans mon lit
Doux présent du présent
Fraîcheur de la nuit
Chaleur de ma vie.
Le cancre
Jacques Prévert (1900 - 1977)
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
Spectacle du stage Choeur en Scène 2010 à l'auditorium de l'opéra de Massy.
Un texte pour réfléchir....
Avez- vous de cancre dans votre classe?
TOUS PREFERENT REUSSIR, Alain Sotto (www.cancres.com)
On aime apprendre dès lors que l’on sait pourquoi et comment apprendre.
Un grand nombre d’enfants sont en souffrance scolaire, d’autres font leur travail correctement mais sans éprouver de joie. Ils manquent de motivation, de projet. Comment feront-ils, au sortir de l’adolescence, bac en poche ou non, pour poursuivre des études ou encore conquérir le monde du travail ? Il serait illusoire de croire que soudain ils vont aimer travailler, faire les efforts qu’il faut pour mémoriser ou réfléchir… Bien entendu, il y a les heureux qui, grâce à une rencontre, quelle qu’elle soit, trouvent à un moment dans leur scolarité, le déclic qui va transformer le pensum scolaire en un apprentissage, lequel certes requiert des efforts, mais apporte aussi de la joie. De la joie?
Mais oui, il y a de la joie à travailler, il y a de la joie à réussir. Il y a de la joie à réussir quelque chose qui a demandé des efforts. Encore faut-il savoir pourquoi on doit faire ces efforts, savoir où porter ses efforts. Il importe de souligner que nombreux sont ceux à ne pas aimer une activité tant qu’ils échouent à la bien pratiquer : savoir comment s’y prendre les aide à être motivé. Rien ne sert de gaver l’apprenant de savoirs : il est des enfants qui répètent depuis des années la même règle et qui, cinq ou six ans plus tard, ne la comprennent pas, ne savent pas l’appliquer. Ne vaut-il pas mieux les responsabiliser, leur apprendre à penser, à mémoriser, leur apprendre à apprendre ?
Et si on leur disait comment réfléchir, car on ne réfléchit pas de la même façon selon la tâche à accomplir, mais cela le savent-ils ? qui le leur apprend ?
Alors que faire concrètement avec l’enfant à s’intéresser à ce qu’il est, à ce qu’il fait et pas seulement à son travail scolaire ; lui apprendre à regarder, à penser par lui-même, à s’approprier le monde, à se faire une opinion, à devenir curieux. On l’aide à se sentir concerné, à acquérir des méthodes performantes, on reconnait ses efforts, on exprime sa confiance en sa capacité de réussir, on montre de l’enthousiasme quand on travaille avec lui.
A la base de tout effort, il existe un intérêt ou une nécessité : aussi l’apprentissage doit-il avoir un sens pour l’enfant.
Pour que l’enfant s’implique dans ce qu’il apprend, il faut qu’il ait un projet personnel, un projet de vie, qui donne un sens à son apprentissage. Ce projet n’est pas celui de l’élève, mais de l’enfant. L’enfant se projette vers l’avenir, il y projette une image positive de lui-même, et c’est la coïncidence entre son projet et son apprentissage qui donne le sens à cet apprentissage. Pour prendre forme, ce projet doit coïncider avec celui de la famille, de ceux qui sont proches affectivement. Un enfant se tend vers l’avenir s’il peut imaginer, même confusément, inconsciemment, cet avenir. Sans sécurité affective, sans confiance en ce que l’on est, il n’y a pas de futur possible, et sans futur, aucun projet de vie ne peut émerger.